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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-05-21 | [Questo testo si dovrebbe leggere in francais] | Inserito da Guy Rancourt
« Vierge au regard loyal, fleur de notre campagne,
Si je puis être aimé de vous, Margaridon, Demain même, je veux, pour vous en faire don, Acheter un foulard au colporteur d’Espagne. « Si nous nous accordons sans trop tarder, je crois Que je ne saurai pas vous refuser la montre Qu’un bijoutier gascon dans sa boîte nous montre Au milieu de cœurs d’or, de bagues et de croix ! « Si nous nous marions aux premières pervenches, J’irai jusqu’à donner du ruban de velours Pour que le capulet même de tous les jours Soit aussi bien bordé que celui des dimanches. « Sans être un grand Crésus, j’ai mon petit avoir J’ai des bœufs. J’ai le champ que m’a laissé mon père. Un potager. Enfin, la maison est prospère Et vous aurez du linge à porter au lavoir. « Et si vous ne voulez que goûter le jeune âge, Vous vivrez sans rien faire, aussi blanche de peau Que les dames d’Albi qui portent un chapeau, Car la mère est vaillante et fait tout le ménage. « La chambre est belle. Elle a trois mètres de hauteur. Moi-même j’ai taillé la poutre et les lambourdes. J’ai pendu deux portraits sous la Vierge de Lourdes : L’un, c’est Monsieur Hugo ; l’autre, Monsieur Pasteur. « De l’huile de mon bras la commode est luisante. Le lit est grand, profond : c’était le lit des vieux. La mère l’a cédé pour que nous soyons mieux. Tout ça sera bien beau quand vous serez présente ! « Les rideaux ont été passés à l’amidon ; Et j’ai fait faire un cadre avec les coquillages Que l’oncle a rapporté de ses lointains voyages, Pour le petit miroir de ma Margaridon. « J’ai, pour vos pots de fleurs, élargi d’une planche La fenêtre où bientôt vous viendrez vous asseoir… Et lorsque je suis seul, je regarde, le soir, La place où vous mettrez votre main sur ma manche. » 1889 (Edmond Rostand, Les Musardises, 1911)
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